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— Sidi, vous me jurez que vous tiendrez votre promesse ? J’aurai un poste d’essence en Amérique, à Chicago ? C’est sûr ?
— C’est sûr, Mohammed. À condition, bien entendu, que nous sortions d’ici.
— Le succès dépend de la volonté d’Allah !
— Alors, espérons qu’Allah veut que tu aies un jour un poste d’essence à Chicago. Au fait, pourquoi Chicago ?
— Sidi, le frère de ma femme, est allé en Amérique et il a un poste d’essence à Chicago. Est-ce que je vais, moi, rester jusqu’à la fin de mes jours dans ce pays arriéré ? Je ne manque de rien, ici, mais ce n’est pas la vie moderne, ce n’est pas l’Amérique !
Peters regarda pensivement son interlocuteur, un noir, de belle allure dans sa longue robe blanche.
— Je ne sais si ta décision est sage, dit-il, mais je maintiens ma promesse. Naturellement, si nous sommes découverts…
Mohammed sourit, montrant entre ses lèvres épaisses deux magnifiques rangées de dents d’une blancheur éclatante.
— Pour moi, ce sera la mort, certainement. Pour vous, ce n’est pas sûr, Sidi. Vous, vous êtes une valeur !
— On tue assez facilement par ici, n’est-ce pas ?
Mohammed haussa les épaules avec mépris.
— La mort, c’est si peu de chose ! Là encore, il en va selon la volonté d’Allah !
— Tu sais ce que tu dois faire ?
— Je le sais, Sidi. Le soir tombé, je vous conduis sur la terrasse. Je dois aussi mettre dans votre chambre des vêtements semblables aux miens et à ceux des autres serviteurs. Après, il y aura d’autres instructions.
— Parfait. Maintenant, ramène-moi en bas ! Il se pourrait que quelqu’un remarque que, depuis un moment, cet ascenseur ne fait que monter et descendre.